Indexwatch 2024 des sites perdants France

De:

Nicolas Audemar

Publié le : 22.01.2025

Après avoir analysé les sites ayant gagnés le plus de visibilité en 2024 la semaine dernière il est temps de se pencher sur un classement moins glorieux mais tout aussi instructif pour le SEO : Oui, vous l’avez deviné (le titre aide beaucoup, je l’avoue) les sites ayant perdu le plus de visibilité dans les SERPs (Search Engine Results Pages) du géant de Mountain View : Mr Google.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques précisions importantes :

• Parmi les 50 plus grands perdants, 12 sites pour adultes ont été exclus pour des raisons évidentes.
• Les sites en migration active ou ceux ayant fermé mais redirigé correctement ont également été écartés du palmarés. Cependant, les sites ayant fermé sans mise en place d’une redirection adéquate restent pris en compte, car ils représentent des cas intéressants pour tirer des enseignements.

Migrations et fermetures : Des cas à ne pas inclure dans l’analyse

Je distingue les pertes dues à des migrations ou à des fermetures des autres baisses de visibilité. Ces cas relèvent davantage de décisions volontaire ou problématiques stratégiques spécifiques que d’un véritable échec SEO. Voici quelques exemples marquants :

Exemples de migrations

Les sites ci-dessous n’apparaissent pas dans le classement malgré la perte parfois totale de visibilité

• Pinterest : Passage d’un domaine principal à un sous-domaine.
• interiors.fr : Redirection vers une catégorie spécifique d’un autre site.
• gouvernement.fr : Migration vers un sous-domaine disposant du « second niveau » .gouv.fr.
• monalbumphoto.fr : Fusion et redirection vers https://www.photobox.fr/#monalbumphoto-photobox avec le message suivant « juillet dernier, monalbumphoto a fusionné avec Photobox« .
• besson-chaussures.com : vers un autre domaine, nouveau au caractère international.
• getyourguide.fr : Passage vers un répertoire dédié par langue et pays.
• pole-emploi.fr : Rebranding en « France Travail » avec une redirection vers le nouveau site.
• gulli.fr : Redirection partielle des sections jeux et vidéos vers m6.fr.
• twitter.com : MIgration vers le site a la lettre qui fait une croiX ;-)

Fermeture de sites : Quand la visibilité disparaît sans transition

Les fermetures de sites jouent un rôle important dans la redistribution de la visibilité sectorielle. Cependant, toutes les fermetures ne se valent pas : certaines sont accompagnées de migrations efficaces, tandis que d’autres abandonnent leur trafic au profit de… personne. Voici quelques exemples marquants :

Cas 1 : Toolstation.fr

La fermeture de toolstation.fr en faveur de quincaillerie-angles.fr est un exemple frappant de mauvaise gestion de la transition digitale. Aucun processus de migration n’a été mis en place, privant quincaillerie-angles.fr de la visibilité SEO accumulée par Toolstation.

Conséquence : Une perte sèche de trafic et une visibilité abandonnée, au détriment du repreneur potentiel.

Cas 2 : Esprit.fr (est tu là ?)

Non ! La célèbre enseigne et son site de mode esprit.fr a disparu suite à une liquidation judiciaire en France, et aucun transfert de visibilité n’a été orchestré vers un repreneur.

Conséquence : Une absence totale de continuité numérique, laissant un vide dans le secteur de la mode en ligne en France. Et une aubaine pour les concurrent qui reprenne, sans aucun efforts, les positions laisser vacantes… serais-ce donc ça la force de l’esprit (.fr) !?

Cas 3 : Skyrock.com (Skyblogs)

La fermeture de l’emblématique plateforme des Skyblogs pour une transition vers une messagerie appelée Skred marque un changement radical de produit.

• Problème SEO : Pas de redirections de skyrock.com pour capitaliser sur l’immense base d’utilisateurs et le contenu indexé depuis les années 2000.
• Conséquence : Un gâchis monumental de patrimoine SEO, qui aurait pu être réorienté stratégiquement vers un nouveau projet comme sa messagerie Skred.

Maintenant que l’on s’est mis à jour sur les principaux mouvements qui redistribuent les cartes sectorielles, je vais analysé les sites pour en extraire les erreurs que l’on doit éviter pour ne subir le courroux de Google. Je me concentrerai sur les sites perdants en pourcentage. Je les regourperai par catégorie de perte.

Les sites éditoriaux de magazines en ligne

Les sites de type deavita.fr, creapharma.ch, coloriageetdessins.com, mesrecettesfaciles.fr, parlerdamour.fr, comment-economiser.fr, selection.ca, paperblog.fr,… entre autres regroupent à eux les exemples de ce que cherchent à éviter de référencer Google dans ses pages de résultats.

La recette du cocktail perdant ?

Cela varie mais l’on peut citer parmi les ingrédients :

• Domaines expirés repris : Un historique douteux peut affaiblir la confiance de Google.
• Contenu généré à la chaîne : Peu de valeur ajoutée, souvent jugé comme « content farm ».
• Publicité intrusive : La saturation publicitaire ruine le Page Experience, pénalisé par les critères de Google.
• Backlinks artificiels : Une stratégie de netlinking excessive ou non pertinente.

Exemple marquant :

Coloriageetdessins.com, dont la publicité omniprésente nuit gravement à l’expérience utilisateur. Une visite rapide suffit à comprendre pourquoi Google choisit de limiter sa visibilité.

Sites frauduleux ou de mauvaise qualité

Si l’on peut reprocher une chose à Google (à part les problèmes (ou opportunités?) typique des SEO comme les « parasites ») c’est de rapprocher et montrer des sites frauduleux ou au contenu fruduleux au grand public. Un grand pouvoir implique une grande responsabilité disait il.

Ainsi les sites jugés peu fiables ou liés à des pratiques litigieuses sont de plus en plus pénalisés. Deux exemples notables cette année :

• Temu.com : Une entrée fracassante dans les SERPs françaises (article dédié), suivie d’une chute rapide. Google semble avoir réagi aux nombreuses plaintes concernant des problèmes de qualité ou de fraude

On voit aussi que 2 impacts coïncident expressément pour le Core Update de Mars et celui de juin.

• Hotelmix.fr : Un site de réservation (traduit de manière approximative), associé à des pratiques de type « no ship » (arnaques où les produits ou services ne sont jamais livrés).

Pourquoi Google pénalise ces sites ?

• Une responsabilité accrue pour protéger les utilisateurs.
• Un contenu jugé peu fiable, voire frauduleux.

On se souvient que le site Wish a été banni par décision du ministère de l’économie.

L’érosion continu des wikis et annuaires sans valeur ajoutée

En 2024, les sites de type wiki et annuaires ont poursuivi leur chute en visibilité, amorcée dès 2023. Cette tendance illustre parfaitement l’importance croissante de l’EEAT (Experience, Expertise, Authoritativeness, Trustworthiness) et de la valeur ajoutée pour l’utilisateur dans les résultats de Google.

Les sites perdants : Les agrégateurs sans valeur

Les sites tels que Wikimonde, fr-academic.com (avec, au passage, une maison mère russe), encyclopedie.fr, cosmovisions.com et les annuaires comme cylex-locale.fr ou e-pro.fr sont parmi les plus touchés. Ces plateformes se sont essentiellement contentées de rassembler des données disponibles ailleurs, sans apporter d’analyse ou de contenu original.

Pourquoi une baisse chez les wikis ?

1. Manque de contenu original : Ces sites offrent peu ou pas de valeur ajoutée, leur contenu étant souvent une simple copie ou compilation d’informations trouvables ailleurs.
2. Faible pertinence pour l’utilisateur : Google privilégie des sources qui répondent directement aux besoins des internautes, avec un contenu unique et utile.
3. Pratiques dépassées en SEO : Beaucoup d’annuaires et de wikis étaient utilisés pour poser des liens follow dans une logique de netlinking artificiel. Ces pratiques sont aujourd’hui révisés de près par les algorithmes.

Le rôle clé de l’EEAT

Cette tendance met en évidence l’importance croissante de l’authenticité et de la création de valeur réelle. Les utilisateurs, tout comme Google, attendent des sites capables de fournir des informations fiables et exploitables.

Exemple opposé : Le cas Pappers

Contrairement aux perdants, Pappers.fr (gagnant en visibilité en 2023 et 2024) illustre que le secteur d’activité n’est pas le problème. Ce site d’agrégation de données se distingue par :

• Une présentation claire et accessible pour l’utilisateur.
• Des fonctionnalités utiles et bien pensées qui facilitent la recherche et l’interprétation des informations.

• Pas de pub !

Ce succès montre qu’un contenu bien structuré, accompagné d’une expérience utilisateur optimisée, peut non seulement survivre, mais prospérer dans les SERPs.

Les erreurs techniques et détails négligés

Même les sites à forte visibilité ne sont pas à l’abri des erreurs techniques, qui peuvent entraîner des pertes massives de trafic. Deux exemples illustrent ces défaillances en 2024 :

LibrairiePassages.fr : Une perte spectaculaire liée aux erreurs techniques

La librairie lyonnaise librairiepassages.fr a perdu 95 % de sa visibilité, une chute vertigineuse pour un site qui possédait encore 9 points auparavant.

Problèmes techniques identifiés :

Répertoires en erreur 404 :

Des répertoires stratégiques du site renvoient des pages introuvables. Ces erreurs 404 nuisent à l’expérience utilisateur et empêchent Google de crawler efficacement le contenu.

Erreur de DNS mal configurée :

Le domaine principal présente des problèmes de configuration DNS. Bien que certaines pages profondes restent accessibles, le domaine principal (« naked domain ») affiche une erreur, empêchant son accès direct.

Autre hypothèse : Une redirection incorrecte entre le domaine principal et le sous-domaine www.

Cause probable : L’absence d’un enregistrement DNS adéquat pour le domaine principal.

Le site universitaire u-paris2.fr illustre également comment des défaillances techniques peuvent saboter la visibilité d’un site bien établi.

Le truc embêtant c’est que les erreurs techniques, souvent négligées, peuvent avoir un impact disproportionné :

1. Impact sur le crawl et l’indexation : Si Googlebot ne peut pas accéder ou crawler correctement le site, le contenu disparaît progressivement des SERPs.
2. Dégradation de l’expérience utilisateur : Des erreurs fréquentes frustrent les visiteurs, augmentant le taux de rebond.
3. Perte de confiance de Google : Des erreurs récurrentes signalent une maintenance inadéquate, ce qui peut réduire l’autorité perçue du site.

Et là, on se demande…comment faire pour éviter ces pièges ?

• Audit technique régulier : Utilisez des outils comme Sistrix (évidemment) ou la Google Search Console pour identifier rapidement les erreurs 404, les problèmes DNS ou de redirection.
• Vérification DNS : on regarde que les enregistrements DNS sont correctement configurés pour le domaine principal et le sous-domaine.
• Redirections bien pensées : On check ou met en place des redirections 301 au lieu de laisser des pages critiques tomber en 404.

Le problème SEO français de l’intention de recherche

Un des problèmes récurrents dans le SEO, particulièrement en France, réside dans la mauvaise compréhension des intentions de recherche (celles utilisées par Google). Beaucoup de sites concentrent leurs efforts sur des mots-clés qui, bien que pertinents en apparence, n’apportent pas la visibilité ou les clics espérés à cause de la manière dont Google structure ses SERPs.

Décryptage essentiel rapide des intentions de recherche

« Know Simple » vs « Know » : Une différence cruciale

• Intention Know Simple : Google affiche directement une réponse dans les SERPs, souvent via des featured snippets, des « direct answers » ou d’autres SERP Features (exemple : définitions, cour de bourse, meteo, paroles de chansons,…).
  • Impact : Peu ou pas de clics pour les sites présents sur cette SERP, même en position élevée.
  • Exemple : Une requête comme « Paroles de La Vie en Rose » montre directement les paroles dans les résultats, éclipsant les sites spécialisés.
• Intention Know (Savoir dans Sistrix) : Les utilisateurs recherchent des informations détaillées, nécessitant un clic vers un site pour obtenir des réponses approfondies.
  • Avantage : Visibilité, 10 liens bleus, plus de probabilité de clics, donc plus de trafic et de conversions.

J’ai donné une conférence sur les intentions de recherche 2020 pour en savoir plus.

Les SERPs à « 10 liens bleus » : Un eldorado à viser

Les sites performants ont compris qu’il est préférable d’être visible sur des SERPs traditionnelles (intention Know (Savoir)) que sur celles dominées par des réponses directes (intention Know Simple). Filtrer les intentions de recherche et concentrer les efforts SEO sur des mots-clés à fort potentiel de clic est la clé du succès.

Étude de cas perdant : Paroles-musique.com

Le site paroles-musique.com illustre parfaitement l’impact négatif des SERP Features sur la visibilité et le trafic :

• Chute de visibilité : De 4 points à 0,868 en 2024.
• Cause principale : Google affiche directement les paroles dans les résultats, rendant le clic sur le site inutile.

Un exemple concret avec le mot-clé : « J’ai deux copains »

• Le site est 4ᵉ dans les résultats, mais il se trouve à 2907 pixels du haut de page en raison des fonctionnalités SERP comme les paroles affichées directement ou d’autres éléments interactifs.
  
• Conséquence : Une bonne position en théorie puisque 4ieme, mais un site invisible, car les utilisateurs ne scrollent pas jusqu’à cette section.

Pourquoi surveiller la visibilité est plus pertinent que les positions ?

La performance SEO ne se mesure pas (uniquement) par la position dans les SERPs. Un site peut être « premier », mais si sa réponse est éclipsée par un snippet ou une autre feature, il ne récoltera aucun clic.

Les actions à mener pour rentrer par la fenetre si on ne peux pas par la traditionnelle porte :

• Optimiser pour les SERP Features utiles : Plutôt que de les combattre, il est parfois judicieux d’en tirer parti (par exemple, apparaître dans un featured snippet avec un lien cliquable).

• Analyse approfondie des intentions de recherche : Identifier si un mot-clé cible, écartant les intentions « Know Simple » tout en se concentrant à détecter les intentions « Savoir ».

• Cibler des mots-clés générateurs de clics : Se concentrer sur les requêtes où l’utilisateur doit naviguer sur un site pour trouver des réponses détaillées.

Perdants en pourcentage de visibilité

Parmi ces sites, remonter la pente sera difficile cependant, il y aurait quelques pistes pour repenser leur web voir leur modèle pour survivre. Parmi lesquelles :

• Abandonner les pratiques de netlinking douteuses au profit d’une approche axée sur la qualité.
• Apporter une véritable plus-value, plutôt que de se contenter d’agréger des données.
• Rendre la navigation fluide et répondre aux besoins des internautes de manière précise.

Passons maintenant à des sites à la visibilité souvent imposante mais qui ont perdu le plus de points de visibilité en SERP française :

Perdants en points de visibilité

Des perdants assez logiques

Les perdants de 2024 illustrent des erreurs à ne pas répéter, tandis que les gagnants de la semaine dernière montrent que les efforts constants en optimisation, qualité de contenu et technique paient toujours. Si je dois retenir seulement 2 points pour éviter la chute (pas forcément progresser) de mon site, je me concentrerai sur :

• L’optimisation la visibilité réelle : Cibler des intentions de recherche alignées avec des SERPs génératrices de clics.
• Le renforcement de l’EEAT : Proposer un contenu de qualité, unique et orienté utilisateur.

Et vous, votre site est-il prêt à affronter 2025 ? Un audit SEO via Sistrix approfondi pourrait être la clé pour transformer les défis en opportunités. Cela tombe bien… vous pouvez tester gratuitement SISTRIX et découvrir tout son potentiel.

Bonus :

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